Réussir avec et sans motivation

Par le 11 November 2009
dans Vous êtes bloqués?

Motivation et démotivation sont dans un bateau...

Être motivé, c’est quelque chose dont je parle souvent sur Révolution personnelle. La motivation, c’est un petit peu comme le bon vent dans la voilure qui vous pousse et vous donne l’énergie de vous lancer, d’avancer dans vos projets. C’est même parfois comme un tsunami. Un typhon. D’une puissance initiale immense. Pourtant, en général, nous lui faisons trop confiance à cette motivation cyclonesque, pour nous emmener jusqu’à notre rivage final. Tout bon marin le sait, un ouragan ça ne dure jamais. C’est pour ça que la grande majorité des projets lancés échouent sur la plage, brisés. Mieux connaître les rouages de ce beau mais fragile outil vous aidera à ne pas vous laisser piéger par les caprices du temps de votre motivation.

Lorsque vous regardez autour de vous et que vous prenez exemple sur des célébrités ou des stars qui ont réussi, il semble qu’elles soient toujours motivées. Toujours le sourire, toujours énergétique, toujours le bon mot au bon moment, bref, vous vous dites que pour réussir il faut que vous adoptiez la même attitude. Vous pensez que la motivation est comme un rouleau compresseur, un taureau, une sorte de robot qui va écraser tous les doutes sur son passage. En fait, elle est plus légère et changeante qu’un papillon.

Si vous pouviez suivre une célébrité 24 heures sur 24, pas dans le style des émissions de télé réalité qui font généralement un montage des moments les plus intéressants, vous les verriez d’un oeil différent. L’image que vous voyez d’elles, c’est leur image publique, l’image de leur marque, de leur branding. Ils vous mentent par omission. Et ce n’est pas bon pour nous.

Une lutte personnelle

Dans le passé, j’ai beaucoup “ramé”. Chaque fois que je commençais un nouveau projet, j’étais plein de motivation, surexcité, comme shooté à la dopamine. Je me lançais, sourire aux lèvres en me disant, que cette fois-ci, c’était la bonne. Mais systématiquement, au bout de quelques temps, ma motivation chutait et je me retrouvais en proie aux doutes. Ces doutes créaient beaucoup d’interrogations dans ma tête et submergé par ce flot négatif, je baissais les bras, abandonnais et allais me coucher, épuisé.

J’avais ensuite une période d’hibernation et ensuite je repartais de plus belle avec une nouvelle idée en me disant, vous l’avez compris, “cette fois-ci, c’est la bonne!” Au bout d’un moment, le plus fascinant, c’est que je pouvais presque calculer, à la semaine près, quand ma motivation retomberait: au cours du 3ème mois! Alors bien sûr, j’avais un peu peur de ce moment là, et, étant déjà inquiet avant que ça n’arrive, ça me tombait dessus encore plus fort.

Une autre idée passait à la trappe.

J’ai tout essayé pour garder cette motivation. J’ai écrit mes buts. J’ai visualisé. Je me suis menacé. Je me suis mis dans des situations sans possibilité de retour. Je me suis raisonné, insulté, fait des compliments. Non, rien n’y a fait. A un moment, ma motivation a systématiquement disparu, me laissant comme un petit garçon qui a perdu ses parents dans un centre commercial. Effrayé. Démotivé. Déprimé.

Tout le monde peut être démotivé

Pourtant j’avais vu de mes propres yeux des exemples fascinants. J’ai eu la chance de côtoyer dans mon travail des personnes qui avaient réussi financièrement au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Lorsque j’habitais à Los Angeles, j’en est croisé plusieurs. Par exemple, un acteur, oscarisé, à qui je donnais des leçons de français.

A l’époque où je l’est rencontré, il était très gentil, plein d’humour mais je voyais bien que son énergie n’était pas extraordinaire. Il donnait l’impression de traîner dans sa propriété. Même s’il s’entretenait physiquement, je le trouvais souvent couché près de la piscine ou affalé dans un canapé. Il ne donnait pas l’impression d’être très motivé par quoique que soit. Une image très différente de celle qu’il a toujours donné en public.

En fait, la période pendant laquelle je lui ai donné ces leçons a été une période creuse de sa carrière. Quelque temps après que nous ayons terminé les cours, il a recommencé à tourner. Il devait être sans doute démotivé, fatigué et avait besoin de recharger ses batteries, de se changer les idées en interagissant avec d’autre personnes, issues d’un milieu différent.

Quelle stratégie?

A ces exemples, vous pouvez sans doute ajouter le vôtre. Avez-vous déjà fait face aux mêmes situations? Aux mêmes tourments? Ce syndrome, en fait, n’en est pas un. Je pense que nous avons des hauts et des bas. En fait, si on y regarde bien, tout dans la vie est cyclique. Alors, pourquoi en serait-il différent pour la motivation?

Quand vous comprenez ça, tout change. Soudain, vous n’avez plus peur de la démotivation. Vous savez que c’est juste un moment normal de la vie à passer et vous chercher des solutions, des petites astuces pour continuer en attendant qu’elle revienne! Ceci dit, il n’y a pas une solution miracle. Nous avons tous un passé particulier. Chacun a été éduqué de manière différente. Donc ce qui fonctionne pour l’un n’est pas nécessairement vrai pour l’autre. A vous de tester et d’utiliser ce qui vous convient le mieux.

Mon outil principal est le timeboxing. Sans lui, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui car j’ai un esprit qui part souvent dans différentes directions et qui oublie ce qu’il devait faire en tout premier lieu. Le timeboxing est très utile et peut vous rendre de très bons services.

Liées au timeboxing, les récompenses sont extrêmement importantes dans mon système pour contrer la démotivation. Elles n’ont pas besoin d’être énormes mais doivent avoir une signification particulière pour vous. Par exemple, le matin, après environ une heure de recherche et d’écriture, je m’offre 10 amandes ou noisettes non salées. Je sais, c’est surprenant mais ça marche pour moi. A vous de trouver, votre propres petites motivations. Hum, évitez quand même le rhum. 😉

Pas de motivation, pas de problème

Ce n’est pas parce que vous n’avez plus de motivation que vous ne pouvez pas avancer. La meilleure preuve en est votre boulot, surtout si vous ne l’aimez pas. Vous le détestez peut-être mais tous les matins vous êtes présent, et à l’heure! En utilisant des techniques comme celle du “salaire” ou de “rembourser le crédit” vous êtes certain d’aller au bureau. Alors il faut installer les mêmes principes dans vos projets personnels. Quand la motivation disparaît, il faut mettre en place des petits “trucs”.

Quelque chose qui fonctionne bien pour moi, c’est l’organisation d’une routine. Par exemple pour le réveil du matin, j’ai un ordre précis dans lequel je fais les choses. Cela m’évite d’avoir à réfléchir, car penser lorsque l’on manque de motivation est très dangereux. La routine vous permet de passer ce cap difficile.

Une autre stratégie est celle du Faire ou ne pas faire. Quand je tergiverse ou je traîne sur quelque chose à accomplir, quand ma motivation est à zéro, je me pose la question de savoir si je fais cette tâche ou pas? Si je dis non, je dois faire face à ma décision et c’est difficile. Donc généralement, je réponds oui et je commence par la partie la moins difficile.

Quelques soient vos astuces, après un certain temps, cela devient plus facile. N’oubliez pas, ce projet sur le lequel vous butez maintenant, vous l’aviez choisi lorsque vous étiez gonflé à bloc par votre motivation. Il n’y a pas de raison pour que cette motivation cyclique, plus mûre, plus profonde, ne revienne pas. Et là vous pourrez repartir de plus belle, poussé par cette force plus mature. Une force que vous aurez su préserver contre les attaques de la lassitude et du temps.

C’est souvent comme ça qu’on distingue ceux qui gagnent. Ce ne sont pas les plus intelligents. Ce ne sont pas les plus forts. Ni les plus talentueux. Mais bien ceux ou celles qui ont continué.

Contre vents et marées. 😉

(Photo: bluepointcom)

Commentaires

12 commentaires pour “Réussir avec et sans motivation”
  1. Krylau says:

    “Je pense que nous avons des hauts et des bas.”… en complément, un monsieur exemplaire qui à écrire un excellent article, à ce sujet : #Le courage de renoncer (et de persévérer)Par Laurent Brixius -> Tout au long de votre vie professionnelle et personnelle, vous devez faire des choix. Dans son livre “Le dip … phase entre l’enthousiasme du débutant et la maîtrise de l’expert. C’est lorsque vous vous êtes fixé un but que vous pouvez atteindre mais que, pour ce faire, vous devez … http://bit.ly/MkFsw

    🙂
    “La plus grande récompense qu’un homme obtienne pour son labeur n’est pas ce qu’il en a retiré, mais en quoi cela l’a transformé.” [John Ruskin]

  2. Rémy Bigot says:

    Je consulte votre blog depuis peu et je souhaitais vous remercier pour celui-ci.
    Vos articles sont très intéressants et ouvrent l’esprit.
    Je suis très réceptif car je me pose beaucoup de questions sur la vie et comment progressivement m’éloigner du schéma classique qui me parait depuis longtemps dépassé.

  3. Jean-Philippe says:

    @Krylau Merci beaucoup pour ce complément d’informations! L’article de Laurent Brixius est très bon et bien sûr étant moi-même un grand fan de Seth Godin, je ne peux qu’approuver! 🙂

    @Rémy Merci à vous et j’espère qu’en faisant votre RévoPerso vous trouverez des pistes qui vous conviennent! Nous sommes d’accord, le schéma classique est officiellement obsolète. 😉

  4. Nadia says:

    C’est vrai que la plus grande concurrence de la motivation c’est la peur du moins pour moi, la peur d’échouer, la peur que ça se finisse , faire le deuil d’un défi, un projet ca procure une joie immense de dépassement de soi mais ça fait aussi un peu mal car on doit faire le deuil de toute une histoire,

    mon truc c’est que quand je sens la démotivation exp pour mon histoire que je n’ai jamais fini d’abord ça commence par des excuses absurdes mais ensuite après une bonne réflexion j’ai décidé de mettre ça en stand by car la vrai raison c’est que j’avais des choses à régler avec moi-même pour enfin me sentir libre intérieurement et continuer à “créer” , la petite revoperso m’a aussi permis de comprendre que je peux faire autant de projet que je veux mais aussi que je peux aussi prendre le temps qu’il faut.

  5. Jean-Philippe says:

    Merci Nadia de partager avec nous ton cheminement. Je sais que d’autres se retrouvent dans tes réflexions. 🙂

  6. Meriem says:

    Les hauts et bas des motivations, des projets, dus à un phénomène de cycles de vie ?
    J’avais pas pensé à ça . Mais c’est peut être pas faux ….

    Moi j’en étais arrivée à penser que c’est l’hyper motivation qui tue la motivation.
    Au début, on est hyper motivé, donc hyper pressé … et on se met des cimpatient d’aboutir.

    Depuis quelques temps, j’ai toujours des motivations, des projets passionnants, mais je m’accorde le droit à la lenteur.
    J’ai compris que j’étais lente, et j’essaye (parce que c’est pas toujours facile) de l’assumer.

    Si ce n’est pas fait “dans les temps”, si “ça traine”, tant pis, je ne fais pas une croix dessus. Je continue. Quand je travaille à la réalisation de mon projet, c’est avec plaisir, pas sous la pression.
    Alors bien sûr on va me dire qu’il y a un risque pour que mon projet ne voit jamais le jour.
    Oui. Mais si je l’abandonne sous la pression, il ne voit pas le jour non plus, et en plus j’aurais toujours un arrière gout amer.

    Si j’y travaille doucement, le projet, la motivation, le rêve est toujours là; et si je n’arrive pas au bout, tant pis, j’aurais tenu tout le temps que j’aurais pu, et j’aurais tout fait avec plaisir.

  7. Jean-Philippe says:

    @Meriem Vraiment merci de partager ton point de vue qui apporte beaucoup à la discussion parce qu’il est différent. 🙂

    Chacun possède son propre rythme. Il y a les battants et ceux qui vont plus doucement, sans pression. Le but final d’un projet, je pense, est secondaire. Le plus important est de profiter au maximum de l’expérience, d’avoir du plaisir à créer, ce que tu sembles faire admirablement!

  8. Fenice says:

    Merci Jean-Philippe pour ton article.

    Au final, au travers de cet article, j’en ressort quelque chose de bien plus fort que la motivation : la volonté et la détermination.

    Lorsqu’il n’y a plus de motivation, la volonté de continuer malgré tout et la détermination de réussir sont là pour nous permettre de passer ce moment dur.

  9. Jean-Philippe says:

    Oui tu as raison Fenice, quoique je suis très prudent avec la volonté:
    http://www.revolutionpersonnelle.com/2009/08/la-volonte-ne-fait-pas-le-bonheur/

    Je préfère la détermination que je trouve plus belle, plus noble. Mais c’est une question de goût personnel! A partir du moment où tu as atteint ton but. 🙂

  10. Thierry says:

    Merci jean Philippe pour cette pensée positive , qui contraste avec discours courants sur la nécessité de motivation constants des managers… et des autres

    Je pense également que la seule motivation est souvent insuffisante, et peux conduire à l’effet totalement inverse en cas d’échec.
    Je crois par contre au besoin de prise de conscience de nos actes et des différentes conséquences possible avant d’entreprendre.( en gestion de projet on parle de gestion des risques ).
    Cette analyse me permet ensuite de mettre en place la motivation nécessaire à l’atteinte de mes objectifs (ou de les abandonner si l’incertitude est trop importante). Ceci ne permet pas de garantir le résultat, mais me permet d’identifier si les efforts à réaliser sont admissibles.

    Cordialement,

    Thierry

  11. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Thierry pour ton commentaire ! C’est très intéressant comme approche et je crois qu’on peut tous et toute s’inspirer de ta façon de gérer la motivation. 😉

  12. EstherColmeZem says:

    J’écrirai le prochain blog en sms sans motivation réelle. marcherait-il ?

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