Et si c’était vrai ? Vraiment vrai ?

Par le 10 May 2010
dans Des histoires

Ah, à gauche ? D'accord, alors à demain...

(Photo : Thé Citron)


Cet article constitue ma participation à un jeu créé par le blog à mille mains où, chaque mois, à partir d’une photo imposée, on crée une histoire, un texte, une poésie. Tout le monde peut participer. La photo du mois de mai est ci-dessus et voici donc mon entrée.

Êtes-vous écrivain ?

Je vais vous révéler un secret : nous le sommes tous et toutes.

Oui, nous avons chacun des histoires cachées en nous, des histoires qui ne demandent qu’à sortir et à émerveiller le monde. Vous aussi, vous pouvez écrire, je vous le garantis. Prenez une plume, essayez…

Ce matin par exemple, parce qu’il fait beau, je me suis installé sur la terrasse avec papier, stylo-plume et tasse de thé. Je sens déjà que l’inspiration va venir. Un nouvel article va jaillir là, comme ça. Et dire qu’il y en a qui pensent avoir le syndrome de la page blanche. Mais non, ça n’existe pas ! C’est juste que l’on se persuade que l’on n’a rien à dire.

Bon, la tasse de thé est pleine à raz bord avec mon thé favori. L’assam.

Rien que le nom me fait déjà rêver.

Tiens là, je pourrais déjà écrire au sujet d’un… d’un… oui ! d’un jeune aristocrate français, une mèche blonde sur la gauche de son visage, qui, à la fin du XVIIIe siècle, fait naufrage en Inde dans une région appelée Assam ! Il y découvre un arbuste, utilisé par les autochtones pour faire du thé. Une idée de génie lui vient : créer une compagnie des Indes en auto entrepreneur pour exporter ce thé et faire fortune… et apprendre l’Assamais, la langue locale… et épouser la pieuse princesse, fille du roi d’Assam… et conquérir le Trône rouge, symbole du pouvoir, dont le méchant frère de sa bien-aimée abuse pour martyriser la population.

Mais, pour conquérir le Trône rouge, il doit résoudre deux secrets…

[Note : réviser mon Assamais]

[Note : inventer 2 secrets – S’inspirer de Pierre Bellemare]

[Note : investir dans Lipton]

Ça commence bien ! Je vais faire un carton avec ce premier roman. Les éditeurs vont se l’arracher. Va falloir que je monte à Paris – tous frais payés en 1ère – pour signer mon contrat.
Ah zut ! J’ai déjà fini ma tasse ? Bon je m’en ressers une, car il ne faut surtout pas perdre le momentum. J’aime bien cette théière… Ah, cette théière, elle me vient de ma cousine du Portugal, un pays magnifique où la foi est encore forte, comme à Fátima.

Fátima ?

Tiens là, j’ai encore une histoire qui me brûle le bout du stylo-plume, un complot nébuleux autour des 3 mystères de Fátima. Voyons…

Un jeune prêtre, avec une mèche blonde sur la droite, amateur de thé, découvre que Fátima n’a pas 3 mais 4 secrets ! Il entre en lutte contre la papauté pour découvrir le quatrième secret de Fátima… il combat l’ignoble cardinal Massa qui veut le faire taire par tous les moyens, mais il est soutenu par une humble et sculpturale nonne au voile d’un blanc immaculé. Et c’est quoi exactement ce quatrième secret… hein ? Eh bien, c’est un secret dans une langue hermétique, le Samas, argot ancestral des apôtres et de Jésus…

Là, peut-être que j’y vais un peu fort… mais bon sang, ça ferait un sacré bestseller ! et je ne parle pas du film ! Les maisons d’éditions vont se l’arracher, c’est sûr…

“Non, Grasset, je suis sur l’autre ligne avec Gallimard… 8% ? Vous plaisantez ! Mes ebooks me rapportent 95% de gains… il va falloir revoir votre copie mon ami…”

[Note : Apprendre quelques mots de Samas]

[Note : Faire une recherche approfondie et s’imprégner de l’histoire de Fátima – Utiliser wikipédia]

[Note : Localiser l’adresse de Grasset et Gallimard sur Google maps]

Ça me donne soif tout ça ! Allez, encore une petite tasse et je commence à écrire mes histoires. Quand je pense qu’il y a des gens qui ont peur de la page blanche. Au contraire ! Ce blanc, c’est la promesse de nouveaux mondes, de nouvelles découvertes, de… de ?… oui, c’est ça…

Nous sommes en l’an 4010, sur la planète blanche, dans une galaxie très très loin de la terre. Un jeune et brillant officier, avec une mèche blonde en arrière, fils d’un marchand de thé vert et commandant de navette postspatiale (et toc, je peux aussi créer des mots compliqués), explore les confins de cette planète aux 5 mystères… Courageusement, il pose ledit vaisseau postspatial sur la surface laiteuse de ce monde énigmatique. Son peuple y vit à l’intérieur d’étranges maisons baignant dans cette soupe primitive. Ces maisons rondes et ouvertes sur le haut, possèdent comme une anse sur le côté. Mais pourquoi bon sang ? (Ici, le héros doit frapper violemment du poing sur la table.) De plus, ces indigènes se nourrissent uniquement de ce breuvage blanchâtre dans lequel ils pataugent : le säams ! Ce säams, qui est vital pour résoudre les 5 codes…

Il apprend leur langue, le Säamsais, et décodant les 5 mystères, les libère du joug de l’affreuse Ombre rouge qui les maintenait en captivité depuis au moins… 2 htäss !

[Note : Créer le langage Säamsais – S’inspirer de la méthode Assimil en suédois]

[Note : Inventer 5 mystères – Explorer le filon Pokémon]

[Note : 1 htäss = 2345 ans terriens – Ça fait quand même plus crédible ]

Ah, là, là ! Ils vont me supplier les éditeurs. Ça va être le carnage entre eux mais je serai inflexible sur mes droits d’auteur. Je les garderai pour tout ce qui est numérique !

Eh bien, ce matin, c’est incroyable cette inspiration, ce “flow” que j’ai. Bon, une dernière petite tasse pour la route et puis je commence à écrire, promis.

Cool, avec déjà 3 histoires en béton, je suis presque bon pour la Pléiade, moi ! Maintenant, il faut juste les coucher sur papier. Peut-être que je devrais changer de chaise avec le soleil qui monte, y fait un peu chaud là. N’empêche que ce sont de belles chaises, regardez-moi ces dossiers comme ils sont élégants avec leur fer forgé ! On dirait le haut d’un cœur… un cœur…  l’amour… au soleil… sous les tropiques.

C’est l’histoire d’un ancien légionnaire, avec une mèche blonde à gauche et une mèche verte à droite… il a ouvert un bar à thés sur la plage d’une petite île, une ancienne colonie hollandaise, pour oublier… pour tourner une page tragique de sa vie. Le Saäm’s bar, c’est là où la nuit les mystères surgissent, là où des personnages ténébreux apparaissent, là où les secrets se multiplient.

Justement, la fille du gouverneur, une sage mais pulpeuse blonde qui veut entrer dans les ordres à Fátima, vient le voir, regard de velours, pour lui demander son aide : le 6ème mystère du Lagon blanc doit être résolu ou bien… ou bien… le féroce pirate rouge les tuera tous en les faisant rôtir au soleil.

Pour ça , il doit résoudre le fameux carré magique.

[Note : créer un carré magique dans une langue que personne ne peut traduire]

Houla, c’est du tout cuit ! Ça va faire cogiter dans les chaumières ! Va te rhabiller Da Vinci code !…

Combien de rééditions ? Combien de pays ? Combien de prix ?

[Note : Préparer un petit discours, genre naturel, surpris, “je ne m’y attendais pas”, etc..]

J’en ai le tournis tellement c’est fort… Ah non, en fait, j’ai vraiment la tête qui tourne. Eh, je suis en sueur moi ! Ça doit être le soleil qui tape. J’ai soif ! Oh, la théière est vide ! Et puis, j’ai envie de faire pipi. Je m’arrête ?

Pourtant si je continue, je suis certain que je vais créer des histoires encore meilleures ! Encore plus originales ! A vous couper le souffle !

Bon, faisons comme les grands anciens, demandons aux oracles.

Je vais faire tourner mon stylo sur lui-même, comme une roulette. Si la plume de mon stylo pointe vers la droite je continue mon œuvre. Si elle s’oriente vers la gauche, j’arrête tout pour aujourd’hui. Alors, qu’est-ce qu’elles me disent les muses de l’inspiration ?

[Note : voir photo]

Commentaires

16 commentaires pour “Et si c’était vrai ? Vraiment vrai ?”
  1. He did it ! He did it

    Pris a mon propre jeu
    Croyant bruler le Revolution a petit feu
    Personnellement, je n’ai pas vu venir le joueur
    J’ai lancé les cartes sans verifie mon jeu, erreur !

    Bravo Jean-Philippe, en plus là mon retard va etre difficile a combler pour deux raisons :
    1. J’ai une grosse journee
    2. Ma femme m’a deja volee mon idee de genie

    Argh chui deg 🙂

    Bon c’est pas grave, je sais reconnaitre le talent là oû il réside. Pour ma part je publierai en temps voulu…

    Merci Jean-Philippe pour cet article, je t’avoue que je ne l’ai meme pas lu pour l’instant je recommenterai sur l’article quand je l’aurais lu 🙂

    Mohamed Semeunacte

  2. Jean-Philippe says:

    Alors, la pression est sur toi maintenant !

    Ceci dit, peut-être que tu changeras d’avis après l’avoir lu… 😉

  3. Milène says:

    Ah Jean-Philippe, quel dommage cette envie de faire pipi !
    J’adore cette idée de la mèche à droite, la mèche à gauche puis en arrière… au moins, on neconfondra pas les personnages ! Avoues que nous la vend bien… la mèche ! (Bonne idée Bellemare;o))
    Comme aurait dit ma grand-mère : “Si tu n’exitais pas, il faudrait t’inventer” !
    Ton billet est drôle, excellent aussi ! Merci de bien faire commencer ma journée… (heu, mais ça fait deux heures que je suis debout et ma tasse est encore vide !)

  4. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Milène ! Ta tasse est vide ? Mais vite, remplis-la encore avec un bon assam. 😉

  5. Lizly says:

    Participation enregistrée et publiée sur Jeu d’écriture ! Merci pour ton texte.

  6. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Lizly pour cette brillante idée. 😉

  7. Thé Citron says:

    Participation lue et commentée sur le blog à 1000 mains ^_^

  8. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Thé Citron pour le commentaire et bien sûr la photo. 😉

  9. Ouf ! Vraiment tordant, j’en ai des crampes aux joues d’avoir tant ri.

    Cette obsession pour les mèches blondes est-elle un signe de nostalgie pour l’Occident ? 😉

    Depuis longtemps, je ne connais plus la peur de la page blanche. Au moment d’entreprendre un article, j’ai 3 autres idées qui viennent pour des textes différents. Quand je faisais du tissage, j’imaginais faire des tricots avec des fibres inhabituelles, et ainsi de suite. Le magazine “Fiber Arts” avait sur mois l’effet d’une drogue.

    J’ai toujours un fichier ouvert sur l’ordi pour noter mes idées au fur et à mesure qu’elles foisonnent, sinon, là je bloque vraiment et tourne en rond.

    En tout cas, j’ai bien hâte d’aller au lancement de tes romans ! 😉

  10. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup MarieBo ! Je te retrouve bien là en scanneuse notoire. 🙂

    En fait, l’idée des mèches m’est venue en observant ici les ados japonais qui ont une véritable obsession avec leur coiffure et particulièrement “l’organisation” de leurs mèches. C’est tout un art ! Je ne sais pas si en France c’est la même chose ?

  11. Léa says:

    J’aime bien ce texte, et comme Milène l’a dit plus haut, la mèche est bien trouvé. Les notes et les références à une future gloire sont bien trouvées, et le texte a un côté humouristique/sérieux que j’aime bien.
    Donc, comme d’autres l’ont dit : c’est excellent, bravo !

  12. Jean-Philippe says:

    Merci pour les compliments Léa ! Apparemment les mèches semblent marquer tout le monde… bon, il est temps de m’occuper des miennes. 😉

  13. Jimidi says:

    Hélas, hélas, deux de mes textes ayant été mis en ligne par les animatrices, puis retirés, aucun de mes commentaires ne passant plus le barrage de la modération, je crains que le Blog à 1000 mains ne soit pas tout à fait ce grand rassemblement communautaire d’auteurs et de textes dont on pourrait se féliciter, mais un endroit où des textes et des auteurs peuvent être censurés sans qu’on use de la plus élémentaire des politesses, consistant à les en informer ni qu’on connaisse les raisons de cette censure. Les détails sur mon blog.
    Jimidi

  14. Jean-Philippe says:

    Ah, c’est dommage Jimidi ! Surtout que l’idée du blog à 1000 mains est excellente. Mais ce n’est pas grave, continuez votre joli chemin scripturassionnel et puis, si le blog est maintenant à 999 mains, c’est leur choix. 🙂

    PS : Alors la photo #3 était à Venise ?… il ne manque plus que Kazuo Ishiguro et ses Nocturnes. 😉

  15. BB says:

    Argh, ma méthode de création a été percée à jour.

    Autrement, un truc amusant en lisant ce récit, j’ai du le faire deux fois.

    La première fois, j’ai été pris dans le rythme, dans une sorte de torpeur, et à la fin impossible de me souvenir de l’histoire.
    La deuxième fois, j’ai fait attention, et j’ai été moins pris dans le rythme, mais j’ai enfin vraiment lu l’histoire.

    Conclusion: j’aime 🙂
    ***
    j’ai aussi posté ce commentaire sur le blog à 1000 mains.

  16. Jean-Philippe says:

    Merci BB pour ce commentaire ! ALors, je me demande si j’ai été assez clair dans mon écriture ? Mais la conclusion me rassure. 🙂

    Merci aussi de l’avoir posté sur le blog à 1000 mains.

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