Demain, je ronronnerai (1)

Par le 17 October 2011
dans Solutions simples

Non, ce n'est pas La miss

Avez-vous déjà songé à ronronner ?

Si vous trouvez cette question ridicule, ne vous avancez pas trop, car je suis certain qu’à la fin de cet article, vous aurez probablement changé d’avis. 🙂

Vous voulez parier ?

Alors, je vous repose la question : avez-vous déjà songé à ronronner ?

Personnellement, j’ai déjà tenté le ronronnement (à ne pas confondre avec le miaulement) mais sans succès. Peut-être n’avais-je pas le bon accent ? Mais je vous garantis que je recommencerai.

Pourquoi ? Parce que le jeu en vaut vraiment trop la chandelle.

Découverte

Deux hommes sont penchés sur un bout de terre aride. Il fait déjà chaud. Pas trop loin, on aperçoit, au bout du plateau, la mer très bleue. ils examinent avec intensité deux petites fosses peu profondes qui s’ouvrent devant eux.

Elles contiennent chacune un squelette.

La première, la plus grande, est facile à analyser. Elle contient des os humains. Un homme ou une femme a été enterré là. Et puis cela devait être quelqu’un d’important. Le corps qui y a été déposé, sans doute avec grand respect, repose sur le côté, en position du fœtus. De nombreux petits objets, montrant son rang, étaient placés devant lui, avant que les assistants, brossant délicatement le sable, ne les enlèvent.

Mais ce qui fascine vraiment les deux hommes, c’est l’autre squelette. Placé dans une fosse beaucoup plus petite, à juste 50cm de la grande, elle contient des petits os assez fins que les deux chercheurs français ont mis un certain temps à déterminer, tellement ils ne pouvaient y croire.

Finalement, ils ont dû se rendre à l’évidence.

C’étaient bien les restes d’un grand chat qui avaient été déposés là, reposant également sur le côté et faisant face à son maitre ou à sa maitresse.

Un chat, ici, dans l’île de Chypre, sur le terrain de fouilles archéologiques de Shillourokambos où les archéologues du CNRS étudient les premiers balbutiements de l’agriculture.

Les avancées technologiques permettent maintenant une datation rapide : ce chat a vécu ici il y a environ 9000 ans ! Or, jusqu’à maintenant, on pensait que les chats avaient été domestiqués par les Égyptiens, en gros plus de 5000 ans plus tard.

Alors les deux scientifiques, Jean Guilaine, le directeur des fouilles et Jean-Denis Vigne un archéozoologue expérimenté, en ce matin de 2004, sont très prudents. Leur réputation est en jeu. Ils ne peuvent se permettre de se tromper sur cette information qui révolutionnera nos connaissances sur un animal devenu à la fois très proche mais ayant aussi su garder quelque distance avec l’homme.

Comme dans la petite séparation entre les deux tombes.

Brève histoire féline

Pourquoi le chat est-il devenu un animal aussi populaire chez les hommes allant même, tout récemment, jusqu’à détrôner le meilleur ami de l’homme ?

En effet, en France, on estime le nombre de chats domestiques à environ 11 millions (en hausse constante) alors que celui des chiens ne cesse de baisser, se situant lui autour de 8 millions (Sondage Facco/Sofress 2009).

Ce petit félin qui a été divinisé par les Égyptiens et ensuite diabolisé pendant tout le Moyen-âge (associé aux sorcières) a finalement retrouvé un semblant de dignité à partir du XVIIIe siècle.

Alors qu’en Asie par exemple, il a toujours été symbole de chance. Ainsi, au Japon, on ne compte plus les statues de Maneki-neko (ces chats blancs à la patte levée) placées à l’entrée des magasins. Elles sont sensées apporter la chance financière aux commerçants chez qui vous entrez.

Oui, pourquoi on aime les chats ?

Brève histoire personnelle

Mais à vous, les amateurs de chats, je vous l’annonce franchement, j’ai toujours beaucoup plus aimé les chiens, ne réservant qu’une caresse distraite aux matous de tous poils.

Et j’avais quelques “bonnes” raisons. D’abord, il y a cette distance dans la façon d’agir du félin “domestiqué”. Il y a aussi le refus de jouer le rôle du fan numéro un de son maître, un rôle que jouent si bien les canidés. Il y a ensuite ce regard lointain faisant penser que le chat réfléchit à des choses bien plus importantes que la pauvre condition humaine. Enfin, soyons francs, ajoutons-y une pointe de jalousie humaine face à cette vie féline qui n’est qu’une longue sieste entrecoupée de quelques chasses à la souris.

Tout cela ne m’avait donc jamais beaucoup encouragé à sympathiser avec les félins qui nous entourent.

Mais, il y a un peu plus d’un mois de cela, avec Takako ma compagne, nous avons eu l’occasion de vivre pendant quelques jours dans la maison d’Isabelle, une talentueuse créatrice de bijoux albigeoise. Elle avait une autre invitée : une magnifique chatte noir et blanc, tachetée de beige, répondant (pratiquement jamais) au nom de La miss.

Alors, nous avons sympathisé. Tranquillement, La miss nous a séduits au point que nous nous sommes mis à chérir, comme des enfants, la moindre de ses apparitions silencieuses. Un effet presque magique se produisait. Une sensation de paix et de relaxation nous envahissait, surtout lorsqu’elle ronronnait.

Après des adieux déchirants avec La miss, nous avons emménagé dans notre appartement d’Albi et la vie a repris son cours. J’ai lancé le 3ème challenge Cloudbraining et les membres hypermotivés de cette troisième édition, n’ont trouvé rien de mieux que de se mettre à parler de chats. 😀

Parmi les sujets de discussion des forums, l’un des plus populaires devint celui consacré aux ronrons des chats et à leurs bienfaits.

Vous pouvez deviner les foudroyantes et brillantes déductions que j’en tirais immédiatement :

Ronron ? Bienfait ? Relaxation ? La miss ? (Oui, parfois je me parle comme ça dans la tête, mais rassurez-vous, jamais en public).

Il me fallait en avoir le cœur net. 🙂

Enquête

Qu’est-ce que c’est que ce ronron ? D’où vient-il et pourquoi existe-t-il chez les chats ?

Étonnamment, les experts et autres scientifiques n’ont pu apporter de réponse claire pour l’instant.

Avant, on pensait que les chats utilisaient leur larynx pour ronronner mais, on s’est aperçu que même après une laryngectomie, ils continuaient à le faire.

De nos jours, la théorie la plus populaire est celle des flux et reflux du sang dans une large veine dans leur corps qui créerait ces vibrations sonores.

Mais pourquoi ronronne-t-il ?

J’ai toujours pensé – en temps qu’ami des chiens – que le chat le faisait pour montrer sa satisfaction, surtout quand on le caressait. Mais les vétérinaires peuvent vous le confirmer, ils ronronnent aussi en situation de stress ou de douleur. Également, une mère et ses chatons tout juste nés, et donc encore aveugles et sourds, ronronnent à l’unisson.

Y aurait-il un complot ronronnien ? Un code secret basé sur le nombre et l’espacement des ronrons ? Sommes-nous les victimes d’une hypnose ronronnienne ?

Un indice nous est donné par la fréquence des vibrations de ce ronron.

Les mesures précises qui ont été effectuées, les situent entre 20 et 50 Hz, des fréquences basses bien connues par les musiciens puisqu’elles peuvent provoquer toutes sortes émotions chez l’homme. Elles sont, pour cette raison, beaucoup utilisées dans les films (un exemple avec la bande-annonce d’Inception).

Et puis, les scientifiques se sont rendu compte des effets étonnants du ronron sur la santé des chats et de tous ceux qui les entourent.

Et là, j’ai eu encore plus envie de ronronner.

(A suivre*)
*Je vais juste attraper une souris et je reviens.

(Photo : -sel)

Commentaires

19 commentaires pour “Demain, je ronronnerai (1)”
  1. MC says:

    Tu veux venir chasser les souris chez moi ? 😉

  2. AMie says:

    Quand j’ai le blues, un de mes chats vient toujours me pousser avec son museau comme pour me dire “Don’t worry, be happy !”
    J’adore les chats et leur attitude hautement évoluée : ils ne miaulent qu’à bon escient, peuvent vivre sans les humains, méditent entre deux siestes, se reposent entre deux méditations, et sont autonettoyants ! 😉
    J’ai déjà essayé de ronronner avec succès, mais… ce ronronnement a été qualifié par mes proches de ronflement ! 😉

  3. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup AMie pour ton témoignage ! Je suis vraiment en train de les redécouvrir et dans la deuxième partie, je parlerai de la théorie qui expliquerait cette attitude bien différente des chiens. Théorie qui a d’ailleurs changé depuis la découverte de ce chat sur l’ile de Chypre. 🙂

  4. Jean-Pierre says:

    personnellement, JE ronronne parfois. sérieusement. ça prolonge la détente. Mais ça demande de l’entraînement.

  5. Jean-Philippe says:

    Merci Jean-Pierre pour ton commentaire ! 😀

    Tu sais que ronronner est un art difficile que je n’ai pas réussi à maitriser jusqu’à maintenant. Mais au vu des bénéfices immenses (dont je parlerai dans le prochain article) qu’on peut en retirer, tu te dois, en temps qu’expert ès ronronnements, de nous expliquer tes secrets, non ?

  6. Sophie says:

    Voilà peu de temps que je suis ton/votre (?) blog de manière discrète, mais devant un tel article je me dois de sortir de mon “anonymat” !
    Depuis toute petite (j’ai aujourd’hui 20 ans, bientôt 21 ans, c’est dire si je me sens grande !), j’aime beaucoup les chats, je les attire inexplicablement et très facilement. J’aime beaucoup toutes les interrogations que les chats posent, sans raison apparente, ils iront facilement vers une personne alors qu’ils se détourneront d’une autre, qui pourtant serait surement tout autant attentionnée à leur égard !
    Mon chat (Mimi) est venue un soir tourner autour de ma Maman qui étendait du linge au jardin, elle avait l’attitude typique du chat qui “cherche une maison”, évidemment devant cette jolie boule de poils j’ai craqué immédiatement.. Que mon père accepte un chat, lui qui disait qu’il n’en voulait absolument pas, n’allait pas être une mince affaire.. Et pourtant, c’était sans compter le pouvoir magique (?) du chat, qui a réussi à se faire adopter par ce récalcitrant monsieur, au point qu’aujourd’hui, 7 ans après, ils passent tous deux leurs journées ensembles ! Elle a même réussi à se trouver une petite place au pied du lit de mes parents !
    Entre elle et nous, une véritable communication s’est créée, non seulement ses miaulements (qui sont un mode de communication inter-espèce) mais aussi bien d’autres attitudes propres aux chats : elle s’approche de nous et attend qu’on approche notre visage de sa tête, pour donner des coups de tête.. ou encore son ronronnement ! J’ai pu observer tout au long de ces années que même ses ronronnements sont variés à l’instar des miaulements ! Et comme il est dit dans l’article, le ronronnement du chat a un pouvoir déstressant, relaxant.. combien de fois ne me suis je pas réfugiée auprès d’elle quand ça n’allait pas ? J’aime l’idée que je suis la victime d’une “hypnose ronronrienne”.. c’est tellement chouette !

    Après ce long commentaire, je m’en vais câliner celle qui s’appelle Mirette (Mimi pour les intimes). Pourquoi Mirette ? Parce d’après mon père, elle a de beaux yeux !

    Morale : ne jamais sous-estimer ces petites boules de poils !

  7. Jean-Philippe says:

    Merci Sophie pour ce très long et très beau témoignage ! Cela pourrait presque faire un roman, l’histoire de Mirette qui conquiert un à un les membres de ta famille, non ? (Merci aussi pour les petits détails sur son comportement, c’est fascinant !)

    Je reçois pas mal de témoignages de personnes qui leur chat a joué un rôle important dans leur vie. Comme je l’ai déjà dit, j’avoue être de plus en plus impressionné par tout ça et cela m’inspire pour écrire, peut-être, une histoire dont le héros serait un joli félin… mais pas celle de ta famille et de Mirette, ça je te laisse faire ! 😉

  8. Amibe_R Nard says:

    Oui, le chat (ou son ronron) est potentiellement thérapeutique.

    Il existe d’ailleurs un CD et un livre de ronronthérapie. (Si, si, ça existe la ronronthérapie 😉 )

    Cependant, même si j’ai aussi un chat, je reste toujours dubitatif sur la gente féline.

    Une créature, capable de se lécher le derrière, avant de venir vous faire des mamours, ça laisse pour le moins… hum… pensif. :o)

    Ceci, quand un chat vient vous faire des câlins désintéressés !

    Car, c’est vrai, il y a plusieurs tonalités dans ses

    Miaou = y a quoi au menu ?
    MIAOU = J’AI FAIM !
    MIAOUUU = GROOOOUILLE !!! (ou ça va chauffer pour ce que tu fais, ton clavier, tes stylos, ton matricule !!! Ces éléments sont souvent accompagnés d’un ronron puissant et sonore. Juste avant le banzaï des griffes !)

    Ok, ok, ça doit dépendre de la personnalité de l’animal et de ses centres d’intérêts. 😉
    C’est comme pour les êtres humains, parfois on n’accroche pas d’emblée ou alors il faut un temps pour s’apprivoiser. Et si on partageait un plat de croquettes pour chat, ça irait sans doute mieux.

    Au reste, même s’il est certain qu’il y a plus de chats bonzes (méditatifs), je suis quand même “chien” au bout du compte.

    Peut-être que les chats le sentent…

    Wouf ! ;o)

    Bien Amicalement
    L’Amibe_R Nard

  9. Jean-Philippe says:

    Excellent l’Amibe ! 😀

    Ce qui est intéressant dans tous vos commentaires, c’est le côté très personnel que vous apportez dans vos témoignages. On rentre dans votre intimité et on partage votre vie avec les chats.

    Si j’avais parlé de chiens ou même d’efficacité ou de procrastination, je ne crois pas qu’on aurait été aussi loin dans ce sens. 🙂

    -/\_/\————–
    =^_^=

  10. AMie says:

    La chatte qui nous avait adoptés quand on est arrivés sur son territoire a été une grande leçon de parentalité, pour nous humains, dans la façon qu’elle a eue d’élever ses chatons, depuis leur naissance jusqu’à leur sevrage total : beaucoup de douceur et de fermeté, apprentissage de l’autonomie, etc.
    La fratrie aussi : chamailles, tétées et jeux partagés; rôles différents et complémentaires endossés par chacun.
    “Le chat qui s’en va tout seul” de Rudyard Kipling. 😉

    -Λ_Λ-
    =^_^=

  11. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup aussi AMie pour toutes ces précisions ! Oui, très bonne lecture que celle que tu proposes et, pour ceux ou celles qui ne l’auraient pas encore fait, à lire ici. 😉

    PS : Tu dessines mieux les chats que moi. 😀

  12. Patricia says:

    Est-ce que ça ne serait pas le bienfait de cette vibration ronron que recherche les bouddhistes en pratiquant le “ohm”. Personnellement je trouve ça très apaisant.

  13. Jean-Philippe says:

    Excellente remarque Patricia ! C’est d’ailleurs ce que je note aussi dans la deuxième et dernière partie de la série. 😉

  14. Nadia says:

    Les chats sont tellement tendance que le roman La Guerre des clans fait fureur, mon frère en est tellement dingue qu’il vient d’adopter un chaton qui ressemble trait pour trait au héros !

    Merci pour l’histoire !

  15. Jean-Philippe says:

    Merci Nadia ! Je ne connaissais pas du tout cette série de livres où les chats sont des héros. Mais alors, ton frère il est petit ?

  16. Nadia says:

    non il a 22 ans, je vais vérifier avec lui le titre de la saga, c’est comme harry potter mais en version chat, il en est dingue !

  17. Jean-Philippe says:

    D’accord, merci Nadia ! Donc, c’est tout public. 😉

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